LHOUCINE BENLAIL – MAWTINI NEWS
Au cœur d’une scène internationale pragmatique, un nouveau chapitre semble s’ouvrir dans le dossier du Sahara marocain, ce conflit qui pèse sur la région du Maghreb depuis des décennies. La dernière résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée ce vendredi 31 octobre 2025, est venue réaffirmer le poids de l’initiative marocaine d’autonomie en tant que “base sérieuse et réaliste” pour les négociations. Cette décision porte en elle des significations profondes qui dépassent le simple renouvellement annuel de la mission de maintien de la paix. Avec une majorité claire de 11 voix en faveur du plan marocain, contre l’abstention de la Chine, de la Russie et du Pakistan, et en l’absence notable de l’Algérie lors du vote, la résolution consacre une conviction internationale croissante quant à la nécessité de s’engager dans un processus de négociation pragmatique fondé sur la proposition marocaine, soumise aux Nations Unies dès 2007.
Ce large soutien international, représentant les deux tiers des membres du Conseil, place la balle dans le camp des parties concernées, les appelant à “s’engager dans des négociations constructives” sur la base de ce plan. Ce développement vient cadrer le conflit dans la vision marocaine, qui repose sur l’octroi à la région d’une large autonomie sous souveraineté marocaine. Cette vision s’oppose à la proposition du Front Polisario, soutenu par l’Algérie, qui insiste sur l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous supervision de l’ONU. C’est cette divergence fondamentale d’approches qui a maintenu le conflit dans l’impasse, depuis que le Maroc a pris le contrôle de l’ensemble du territoire sahraoui après le départ du colonisateur espagnol en 1975, et le retrait de la Mauritanie de sa part en 1978 après une guerre contre le Polisario, jusqu’à l’instauration du cessez-le-feu qui a mis fin à des années de combats.
Plus important peut-être que la résolution onusienne elle-même, est le moment où elle intervient : en concomitance avec un discours royal porteur d’un optimisme sans précédent et d’un désir sincère de dépasser le passé. Dans une allocution prononcée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI ce vendredi soir, Sa Majesté a indiqué que le Royaume est “à l’aube d’une résolution de la crise du Sahara marocain, après près de 50 ans de sacrifices”. Cette déclaration, qui dénote une confiance dans le processus diplomatique et la légitimité internationale, ne s’est pas limitée à l’aspect interne du conflit ; elle s’est étendue pour inclure une invitation historique au grand voisin. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a adressé une invitation explicite et directe au Président algérien Abdelmadjid Tebboune pour lancer un “dialogue fraternel et sincère”, visant à surmonter les différends et à bâtir de nouvelles relations fondées sur la confiance mutuelle, la fraternité et le bon voisinage.
L’articulation entre la résolution de l’ONU, qui renouvelle la confiance dans la proposition marocaine, et l’invitation royale au dialogue avec l’Algérie, constitue un tournant stratégique dans l’approche de Rabat. Le Maroc, qui considère le Sahara comme une partie intégrante de son territoire, est conscient que la clé de la stabilité régionale et d’une solution durable passe inévitablement par la normalisation des relations avec l’Algérie. Le dialogue fraternel proposé n’est pas une simple initiative diplomatique passagère ; c’est une reconnaissance implicite que le conflit, bien qu’opposant en apparence le Maroc au Polisario, a des racines régionales profondes qui nécessitent un traitement direct entre les deux puissances régionales. C’est un appel à tourner la page des différends qui ont épuisé les énergies et les ressources de la région pendant des décennies, et à s’orienter vers un avenir commun basé sur la coopération plutôt que sur la confrontation.
Ainsi, il semble que l’année 2025 puisse porter en elle les vents de la solution tant attendue. Entre une décision internationale qui consolide le plan d’autonomie comme référence, et un discours royal qui ouvre grand la porte à un dialogue régional inclusif, une nouvelle feuille de route se dessine. Elle pourrait conduire la région vers la fin de ce long conflit et vers la réalisation de l’intégration économique et sociale dont les peuples du Maghreb rêvent depuis si longtemps. Il appartient désormais aux parties concernées de saisir ces signaux positifs et de traduire le soutien international et l’invitation fraternelle en étapes concrètes sur le terrain.
