
LHOUCINE BENLAIL – MAWTINI NEWS
Pendant des décennies, sous le couvert des libertés offertes par les démocraties européennes, la confrérie des Frères musulmans a tissé un réseau complexe et infiltré, qui non seulement menace le tissu social du continent, mais pose également de profonds défis sécuritaires et de souveraineté. Depuis l’arrivée de leurs avant-gardes en tant qu’étudiants et réfugiés politiques dans les années 1960, le groupe est passé d’une présence marginale à une force organisationnelle influente, s’appuyant sur une stratégie d’« infiltration douce » pour étendre son influence idéologique et financière. Le groupe a exploité le climat de pluralisme pour créer une vaste infrastructure d’associations caritatives, de centres de recherche et d’établissements d’enseignement, qui servent de façades acceptables pour diffuser son idéologie et recruter des adeptes, en particulier parmi les nouvelles générations d’immigrants. Cette expansion systématique, qui vise à créer des sociétés parallèles, est devenue aujourd’hui une source de préoccupation majeure pour les services de renseignement européens, qui y voient un danger pour la démocratie pouvant surpasser celui des organisations salafistes plus radicales.
Le pilier de ce réseau est un immense empire financier, avec Londres comme centre stratégique, où des comptes bancaires estimés à des centaines de millions, voire des milliards, sont gérés à travers un système complexe d’entreprises et d’associations. Ces fonds ne sont pas seulement utilisés pour construire des mosquées et des centres religieux, mais sont également dirigés vers le financement de plateformes médiatiques, d’activités de lobbying politique et de réseaux caritatifs servant de façade pour étendre leur influence. De plus, les ramifications du financement se sont étendues à des activités suspectes. Le rôle de certaines agences de voyage, notamment celles liées aux services du Hajj et de la Omra en Belgique, a été identifié comme une couverture pour des opérations de blanchiment d’argent et de transfert de fonds vers des entités potentiellement liées à des organisations terroristes, ce qui constitue un défi sécuritaire et financier complexe. Parallèlement, le financement saoudien, officiel et privé, a contribué pendant des années à la construction de milliers de mosquées en Europe. Bien que ce soutien s’inscrive dans le contexte de la prédication islamique, il a entraîné un changement notable dans le paysage religieux et social, en particulier avec l’augmentation du nombre de convertis à l’islam dans des pays comme la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
Le plus dangereux est l’extension de cette influence à des secteurs sensibles au sein des États européens. Des rapports de renseignement indiquent l’existence de réseaux des Frères musulmans infiltrés dans des institutions vitales telles que les aéroports et les administrations gouvernementales, travaillant en silence pour garantir une influence politique et sécuritaire à long terme. Cette infiltration, associée à un financement massif et à une activité de prédication organisée, représente une menace claire pour la stabilité et la sécurité de l’Europe. Elle ne nourrit pas seulement un discours isolationniste contraire aux valeurs d’intégration, mais elle attise également les tensions ethniques et religieuses et affaiblit le tissu social, ce qui pourrait pousser le continent vers davantage de divisions internes. La confrontation avec ce danger est devenue une nécessité urgente, exigeant des gouvernements européens qu’ils travaillent sérieusement à démanteler ces réseaux et à surveiller leurs sources de financement, tout en maintenant un équilibre délicat entre la sécurité nationale et le respect des libertés religieuses. La prise de conscience de l’ampleur de ce défi et le renforcement de la sensibilisation de la société à son égard constituent la première ligne de défense pour préserver l’identité démocratique et les valeurs fondamentales de l’Europe face aux tentatives de la remodeler.