
LHOUCINE BENLAIL – MAWTINI NEWS
La situation actuelle de la communauté marocaine en Belgique, notamment à Anvers et à Bruxelles, suscite une inquiétude croissante quant à l’infiltration de réseaux étrangers organisés. Sous le couvert d’activités religieuses et culturelles, des entités liées à des pays du Golfe, tels que les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, s’activent non pas pour servir les intérêts des Marocains de l’étranger ou défendre leurs droits, mais bien pour s’infiltrer dans le tissu social et religieux de la diaspora. L’objectif semble clair : orienter et influencer cette communauté dynamique pour servir des agendas politiques spécifiques, sans rapport avec les priorités des Marocains résidant en Belgique.
Cette ingérence prend des dimensions plus graves lorsqu’elle semble émaner, selon les informations, de l’intérieur même des représentations diplomatiques de ces pays. Les tentatives de prise de contrôle des institutions religieuses et communautaires marocaines, ainsi que l’ingérence directe dans les réunions politiques au sein de ces ambassades pour imposer des visions spécifiques, constituent une menace explicite pour l’indépendance de la diaspora et sa capacité à exprimer librement ses véritables intérêts. Cette situation transforme la communauté, d’un acteur indépendant, en un pion dans des calculs géopolitiques régionaux.
Face à cette infiltration préoccupante, une question fondamentale et embarrassante se pose quant au rôle des institutions marocaines de protection, en premier lieu la Fondation Hassan II en Belgique. Censée être la première ligne de défense des intérêts et de l’unité de la diaspora, pourquoi son action semble-t-elle absente ou insuffisante pour contrer ces ingérences qui menacent de fragmenter le tissu social des Marocains sur place ? C’est ce vide institutionnel qui permet à ces agendas étrangers de prospérer et de s’implanter.
La situation ne tolère plus le silence et appelle une action urgente à plusieurs niveaux. Premièrement, il est demandé à la Sûreté de l’État belge, en tant qu’autorité souveraine responsable de la sécurité du pays, d’agir immédiatement pour enquêter sur les activités de ces réseaux, de mettre fin à toute ingérence étrangère menaçant la stabilité de la société et la sécurité de la communauté marocaine, tout en garantissant la protection des institutions religieuses contre toute influence extérieure. Deuxièmement, une grande responsabilité incombe au gouvernement marocain et à la Fondation Hassan II pour agir efficacement afin de protéger les intérêts de la diaspora. De même, les ambassades et consulats marocains doivent garantir l’indépendance de leur représentation diplomatique et la tenir à l’écart de toute influence extérieure. Enfin, il incombe aux Marocains de l’étranger eux-mêmes un devoir de conscience et de vigilance pour préserver leur unité et leur représentation authentique, loin de toute tentative d’instrumentalisation.
En conclusion, la protection de la communauté marocaine à l’étranger n’est pas moins stratégiquement importante que la protection du territoire national. Toute négligence dans ce dossier ne menace pas seulement la stabilité de la diaspora en Belgique, mais nuit également à l’image et à la position du Maroc en Europe.